Le démon sous nos pieds.

Les mots.

Ca va, ça vient.
On a l'impression de les avoir saisi, d'avoir tenu le bon bout.
Ca ne les empêche pas de nous fuir au dernière moment, laissant derrière eux un goût amer sur les lèvres.

On aimerait pouvoir oser. On aimerait les saisir, ces mots, simples assemblages de syllabes, et les façonner, encore et encore, se fabriquer sa phrase sur mesure, celle qui exprime exactement notre pensée. Certains y arrivent mieux que d'autres, parce qu'ils se sont habitués. Ils se sont entrainés, plus rien ne leur échappe. Ou si peu. Ils construisent, ils créent, toujours plus inventifs. Dans leurs bouches, au bout de leurs doigts, les mots deviennent aussi tranchants que des lames de rasoirs, aussi suggestifs que la dentelle d'un corsage, aussi apaisants que le murmure du vent.

Ce sont des armes, aiguisées et entretenues. Et ils les manient si bien.

J'aimerai bien être comme eux. J'aimerais pouvoir utiliser si bien les mots. Mais le temps passe, et elle reste là, toujours et encore. Cette fissure, béante, noir, imparfaite.

Elle a un nom. Le mensonge.

«- Dis, ça veut dire quoi croire ?
- Je ne sais plus. J'ai préféré oublier, j'ai baissé les bras. Ca faisait trop mal. »